• La Collégiale Saint-Vincent

    La Collégiale Saint-Vincent

     

    Historique

     

    Les XIe et XIIe siècles marquent ici le point culminant de la dévotion à Saint-Vincent dont une communauté religieuse est l'animatrice, particulièrement lors du 14 juillet, date présumée de la mort du saint en 677. On édifie d'abord un ensemble oriental composé du chœur, d'une tour-lanterne à la croisée du transept, puis de deux croisillons. Au XIIe siècle, on édifie l'actuel vaisseau et le chœur initial est surélevé. Michèle Callut et Gérard Bavay écrivent :

    « Les bâtisseurs ont manifestement voulu donner une ampleur maximale à leur projet. C'est dans ce but qu'ils ont voulu faire correspondre la partie centrale du bâtiment à ses deux extrémités. Une haute nef centrale sous plafond plat, deux belles nefs latérales sous croisée d'arêtes ; deux tribunes de belle venue, une solide succession de colonnes et de forts piliers. Autant d'éléments qui font des nefs de Soignies un témoignage grandiose de l'architecture romane. »

    Ce joyau architectural relativement hétérogène constitue une curiosité unique dans l'architecture médiévale hainuyère. La construction de l'édifice débute entre 1015 et 1024, alors même que la première Vita de Saint-Vincent est rédigée Les grandes lignes de l'édifice ne seront terminées que deux siècles plus tard (ca 1225).

     

    Construction de la Collégiale

     

    La construction de la collégiale a dû débuter au premier quart du 11e siècle, sensiblement à l’époque où est rédigée la première Vita de saint Vincent, entre 1015 et 1024. En effet, ces deux initiatives participent au même projet de donner une ambitieuse ampleur au culte du saint local.

    La Collégiale Saint-VincentLe chantier roman est marqué par deux grandes phases. La première commence donc vers 1020-1025 par les extrémités : un massif occidental constitué d’un porche d’entrée avec des tourelles auquel répond à l’est le chœur liturgique, se prolongeant par un transept, lui aussi accompagné de tourelles. Ceci suggère que la collégiale est bâtie à l’emplacement d’un édifice préexistant, qu’il s’agira de démolir au moment de relier les deux extrémités. Cette première campagne de travaux se termine sans doute vers 1060, époque d’une première consécration de l’église – c’est-à-dire de ses parties terminées et fonctionnelles – mentionnée dans un psautier conservé à Leipzig.

     

    Dans un second temps, sans doute vers 1080-1085, la construction des nefs est entreprise, selon un projet revu sous des influences plus novatrices. Soignies est, en effet, alors dans la zone d’influence culturelle du Nord de la France et de la Normandie.  Ceci se marque surtout en élévation plus qu’en plan et davantage à l’intérieur qu’à l’extérieur.

    L’achèvement complet ne semble pas intervenir avant la fin du 12e siècle, quand les nefs sont couvertes de charpentes, datées entre 1185 et 1200 par la dendrochronologie, et quand une coûteuse toiture en plomb est offerte par le comte de Hainaut Baudouin IV (1120-1171), sans que l’on sache si celle-ci s’appliqua à l’ensemble ou une partie seulement du bâtiment.

    Dès le premier quart du 13e siècle, l’avant-corps roman de la collégiale commence à être englobé dans une forte tour-clocher marquée par le gothique, qui se développe alors dans la région au départ de Tournai. Les tourelles d’escalier romanes sont elles aussi haussées au cours du même siècle. Ce corps de bâtiment est achevé peu après 1290, lorsqu’il est question de poser la croix faîtière.

    Au cours des siècles suivants s’ajouteront plusieurs annexes qui offrent un panorama intéressant du développement de l’architecture gothique dans la région : de part et d’autre du chœur, sacristie devenue offranderie (13e siècle) et chapelle Saint-Vincent (14e siècle ?) ;  sur le flanc sud de l’église, chapelle Saint-Hubert (15e siècle) et chapelle du Saint-Nom de Jésus (16e  siècle).

     

    Saint Vincent - Une Collégiale - Des chanoines

     

    Saint Vincent, Madelgarius de Famars de Hainaut, dans le monde Madelgaire, né vers 607 au château de Sotteville à Strépy et mort le 14 juillet 677 à Soignies, fils de Mauger et Onuguerra.

    La collégiale est toute entière dédiée au culte de saint Vincent... lire la suite

    Une collégiale est une église qui a été confiée à un collège de clercs ou chapitre collégial, c'est-à-dire à un groupe de chanoines (de nombre variable selon les lieux) formé ailleurs qu'au siège épiscopal. Ils sont tenus à y chanter ou réciter l'office divin. Dans la 1re moitié du 10e siècle sans doute, un Chapitre de Chanoines succède à une communauté monastique établie au 7e siècle en ces lieux par Saint Vincent.. lire la suite

    Soignies possédait un chapitre important, si l'on en juge par le nombre de prébendes (revenu d'ecclésiastique) mentionné dans la comptabilité... lire la suite

    C'est autour de la collégiale et d'un puissant chapitre de chanoines que s'organise et se développe un localité, qui passe progressivement du stade de bourgade rurale à celui de petite « ville-marché », puis de « bonne ville » de Hainaut.  

    Dès 1142, alors que la collégiale est en voie d'achèvement, Soignies se voit accorder par le prince territorial, le comte de Hainaut Baudouin IV, une charte-loi, qui fixe les droits et devoirs respectifs de la population libre et du chapitre, non en tant qu'institution religieuse mais au titre de seigneur de la localité.

    Chaque année depuis des siècles, le lundi de Pentecôte est le moment fort de l'année sonégienne. Dès 6h du matin, le Grand Tour Saint-Vincent démarre de la collégiale et y revient, après que les reliques du saint patron aient été portées et escortées tout autour de la ville, au fil d'un circuit d'une douzaine de kilomètres. Cette procession fut instituée officiellement par l'évêque de Cambrai en 1262, mais est sans doute plus ancienne.

     

    Des choeurs aux cloches, il n'y a qu'un pas...

    et quelques marches

     

    Soignies était, sous l'Ancien Régime, particulièrement réputée pour la qualité de ses choraux et de ses musiciens, ainsi qu'il ressort de plusieurs témoignages de chroniqueurs, principalement des 16e et 17e siècles, et de multiples mentions dans les archives relevées par des musicologues.

    Le chapitre entretenait une école de chant où des princes et de grands prélats venaient parfois recruter des exécutants talentueux pour leur chapelle privée. Ce fut le cas, par exemple de Guillaume de Malbecque, qui fut chantre à la chapelle papale, ou de Nicolas Payen (Soignies 1512- Madrid 1559) qui fut toute sa vie au service de Charles Quint et de Philippe II...

    Le musicien le plus illustre que la collégiale ait connu est Gilles Binchois, qui devint prévôt du chapitre (1452-1460) après avoir fidèlement servi le duc de Bourgogne.

    La Collégiale Saint-Vincent recèle aussi de nombreuses oeuvres d'art, des chefs-d'oeuvre incontournables... lire la suite 

     

    Animation 3D de la Collégiale Saint-Vincent avant 1822 (avec la tour Malvau)

    © Madelgarius - Wikimedia Commons 


     
    Sources :
    La Collégiale Saint-Vincent (www.collegialesaintvincent.be)
    Wikipedia
    Wikimedia Commons